Au moment où de nombreux Africains étaient soumis à l’esclavage, plusieurs sociétés contemporaines de ce phénomène étaient en passe de l’éliminer de leurs modes de production intérieurs. De l’antiquité jusqu’aux temps modernes, des sociétés ont privé des individus de leur liberté, dans des régimes politiques, sociaux et économiques différents. La problématique centrale est que ce phénomène ne se trouve pas uniquement dans les sociétés à système esclavagiste, comme l’esclavage moderne (qui est né et s’est développé avec le capitalisme) le montre. Cette conférence ne s’occupe donc pas de la mémoire de l’esclavage mais de cette conjonction entre esclavage et capitalisme, afin d’ouvrir des pistes de réflexion pour cette chaire.
Après avoir fait l’état des lieux des thèmes de recherche liés à cet objet (tels que les études quantitatives, les études démographiques menées par Charles BECKER, ou encore celles centrées sur la dimension politique), Ibrahima THIOUB précise que cette expérience occupe toujours une place centrale dans l’Afrique contemporaine et la construction de son rapport à l’autre. Si des avancées ont eu lieu sur l’historiographie de la traite, en débat avec ses mémoires, elles présentent un angle mort sur l’étude des dimensions culturelles de l’impact de la traite atlantique sur les sociétés africaines.
Cette entrée par la culture, si elle pose des problèmes méthodologiques nouveaux nécessitant un rapprochement entre disciplines pour l’étudier efficacement, permet une nouvelle approche du phénomène.
Lors de cette conférence, la culture est comprise, dans un sens large, comme « les savoirs, les croyances, créations et créativités, et leurs expressions dans la vie quotidienne, du vêtement à l’aliment, de la langue parlée et écrite aux arts plastiques et visuels. »
Enfin, il faut noter que des variations importantes d’exposition des sociétés africaines à la traite atlantique existent et doivent être gardées en mémoire pour progresser dans la réflexion. |