La psychologie évolutionniste s’est développée contre la socio-biologie dans sa tendance forte. L’objection indique que d’une part, entre le gène et le comportement, un élément médiateur existe : il s’agit de l’esprit humain. Par ailleurs, le cerveau humain a évolué sur une période longue, il existe une donc une unité de l’espèce psychique humaine : aucune différence sociale ou culturelle ne peut dès lors s’expliquer par une différence biologique.
Dan SPERBER condamne ici toute pratique discriminatoire fondée sur une base biologique. Cependant, il précise que si les affinités entre pratiques discriminatoires et biologie sont réelles, les premières n’ont parfois pas besoin de la dernière pour s’exprimer. Par ailleurs, une recherche bien menée liant biologie et sciences sociales peut s’avérer scientifiquement féconde.
En définitive, l’esprit humain a évolué sur des millions d’années. L’explosion culturelle, qui débuta il y a environ 40000 ans, a profondément changé le monde social dans lequel nous vivons, sans pour autant modifier notre cerveau. Selon Dan SPERBER, cela a pour conséquence que nous vivons dans un monde moderne avec un cerveau d’homme paléolithique. Dès lors, il n’y a pas de raison de penser que nos comportements, guidés par notre cerveau, soient adaptés au sens biologique du terme à l’environnement dans lequel nous nous trouvons. On a donc toutes les chances de penser que la vie sociale est neutre par rapport à l’environnement.
Pour résumer, l’environnement dans lequel nous vivons et qui produit de l’histoire est très différent de celui dans lequel a évolué le cerveau humain. Il est donc vain de chercher à expliquer causalement les comportements par une expression adaptative des gènes. |