Le critère indigène de la classification du savoir et l’étude de sa transmission coïncident. Les savoirs sont classifiés selon la modalité dans laquelle ils sont énoncés. L’exercice du savoir est confié à des individus qui en deviennent le support. Les situations de communication verbale sont très définies : à un certain savoir correspond une certaine forme d’interlocution, explique SEVERI. Les contenus traditionnels sont classés selon le type d’interlocution dans lequel ils sont exprimés (ex : chanté par un chef, un soir sur deux, dans une variété de la langue kuna, dans la hutte du «congreso»). C’est par le type d’énonciation qu’on classe ce qui est dit. Dans le Purba (le chant des âmes perdues), on retrouve des aspects chantés à des fins thérapeutiques et des choses jamais énoncées, c’est-à-dire qu’elles restent dans le secret. La caractéristique de ces igalas est que l’énonciation est privée et sans témoin. L’énonciation d’un chant chamanique se fait en général la nuit expose SEVERI, au pied d’un hamac où se trouve un malade et en principe sans interlocuteur. Et tout cela est extrêmement évident pour les gens.
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