Il faut mettre selon Immanuel WALLERSTEIN l'accent sur trois points principaux.
En premier lieu, la gauche doit, selon le sociologue, « forcer les libéraux à être libéraux ». En effet selon lui, ce groupe ne met pas en application sa propre rhétorique, en ce qu'il s'oppose souvent aux choix individuels qu'ils prône pourtant, comme le montre l'exemple de la régulation des flux migratoires, empêchant l'individu de choisir son lieu de vie. Le système capitaliste aurait survécu notamment en raison de la non-application de cette rhétorique.
Il faut, en outre, un programme politique propre aux mouvements de gauche. Alors qu'ils mettaient en avant les structures économiques avant 1968 (socialisation et nationalisation), presque tous les mouvements actuels visent à traiter les inégalités.
Enfin, les luttes entre mouvements de gauche se sont apaisées, ce qu'il faut continuer à entreprendre.
Une stratégie alternative à la gauche globale semble ainsi pouvoir passer par les actions suivantes.
En premier lieu, la promotion de l'esprit de Porto Alegre, en tant qu'alliance non-hiérarchique autour d'un programme minimum commun consistant en la recherche d'une plus grande clarté intellectuelle, le développement d'actions militantes populaires immédiatement utiles à la vie des gens, et la poursuite de changements plus fondamentaux.
Deuxièmement, il s'agit de mettre en place une tactique électorale « défensive ». Emmanuel WALLERSTEIN veut par là indiquer que si les victoires électorales ne peuvent changer le monde, elles peuvent cependant être un moyen de protéger à court terme les individus contre la droite globale. Il s'agit donc d'y participer afin de « réduire les dégâts » de la droite globale. Les scrutins proportionnels, en opposition aux systèmes majoritaires sont ainsi privilégiés.
En troisième lieu, la démocratisation constante est un autre objectif que doit se fixer la gauche globale, dans de nombreux secteurs, tels que l'éducation, la santé, etc. Si cela soulève bien sûr des questions relatives à l'efficacité des dépenses, celles-ci ne doivent pas faire perdre de vue cet objectif.
Quatrièmement, il s'agit de forcer les centristes libéraux à mettre à exécution leur programme, uniquement rhétorique en l'état, ce qui pousserait le système capitaliste dans ses contradictions les plus fondamentales. Les détails de cette proposition sont complexes, mais il s'agit de ne « pas laisser le centre libéral s'en tirer si facilement », indique le sociologue.
Le cinquième point consiste à insister sur le fait que l'anti-racisme est un élément fondamental du fonctionnement démocratique, alors qu'il se trouve dans toutes les parties du système-monde.
Le sixième élément revient à dé-marchandiser le système-monde.
Enfin, il ne faut jamais oublier que nous vivons dans une période de transition entre le système-monde actuel et celui à venir. Cela implique qu'il ne faut pas se laisser duper par les discours empêchant toute alternative. Une formidable lutte pour déterminer le système à venir aura lieu lors des prochaines décennies, dont l'issue n'est pas connue.
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